résumés

Volume Chapitre 136

Makino et la petite blonde sont assises chacune sur une chaise, une boisson dans les mains. Elles sont silencieuses. Puis Makino finit par parler. Elle se sent frustrée, vexée, parce que bien qu’elle s’était promis de complètement devenir Kaori, à un certain point, lors du tournage, elle a craqué, elle est sortie de son personnage. La petite blonde aussi. C’est parce que Chiori faisait réellement peur, on aurait dit qu’elle ne jouait pas, qu’elle était sérieuse. Et Natsu et son sourire à vous glacer le sang. Elle aussi, elle ne jouait pas. Et ça les a effrayé. C’est d’autant plus effrayant pour Makino parce qu’en le voyant, elle a compris que Kyouko n’a pas sourit face aux actes de Chiori parce qu’elle jouait Natsu, mais parce qu’elle était Natsu. Certes, à cet instant là, Chiori ne jouait pas la comédie… mais Kyouko allait bien au delà de ça. C’était Natsu, comme si elle était réelle, comme si elle vivait dans notre monde.
La petite blonde se souvient de ce qu’elle a dit à Makino après avoir rencontré la nouvelle Natsu devant la loge de Kyouko : est-il possible qu’elles viennent de voir, c’est ce dont leurs aînés leur ont parlé ? Quand un acteur chevronné joue, il entre tellement dans son personnage que parfois, il s’y trouve coincé, même en dehors du plateau de tournage. Et Makino lui avait répondu qu’elle se trompait, que Kyouko n’est qu’une débutante… et même moins que ça. La petite blonde y repense en silence. Finalement, peut-être que…
Makino lui fait part de ses craintes : en tant que partenaire de Natsu, elle doit devenir Kaori entièrement. Mais en est-elle capable ? Devenir quelqu’un dont la personnalité est quasiment la même que celle de Natsu… Pour la première fois, en les voyants, elle a pensé que jouer était effrayant.

Chiori est toujours en état de choc, assise sur le canapé, les yeux grands ouverts fixant le vide. Elle revoit les mêmes images de son enfance que celles vues quand elle a entendu le mot « souillée ». Elle sert son poing droit et se lève. Elle jette un regard vers Natsu.
Celle-ci est toujours silencieuse, au regard plus doux, assise sur un autre canapé. Kyouko repense à ce qu’elle a fait à Chiori, en tant que Natsu. Elle lève doucement sa main droite et la fixe, avec un air de regret. Elle finit par sortir de son étrange état. Elle redevient entièrement elle-même et réalise qu’elle doit aller s’excuser auprès de Chiori. Elle tourne la tête dans tous les sens et se rend compte qu’elle est seule dans le karaoke, tout le monde est parti.

Chiori s’approche hésitante du réalisateur. Il discute avec son assistant principal. Elle l’appelle. Ils se tournent vers elle. Elle se lance alors dans ce qui semble être des excuses mais à peine a-t-elle dit les mots « mon jeu de tout à l’heure » que le réalisateur la stoppe en lui disant que c’était fantastique, pouce en l’air et expression comiquement ravi. Il ne cesse de la complimenter, grâce à elle, cette scène est devenue beaucoup plus intense qu’il ne l’avait imaginé au départ. Il espère qu’elle continuera ainsi. Il lui tapote les épaules, excité et enthousiaste. Chiori essaye encore de glisser son opinion sur la scène qui vient d’être tournée, mais il l’interrompt à nouveau, lui disant qu’il n’imaginait pas qu’elle était capable de jouer une scène de brimade avec tant de sérieux. Pour lui, Chiori avait accepté le rôle de Yumika non pas par enthousiasme, mais parce qu’elle y voyait juste une occasion de revenir dans le monde du show-biz.
Chiori est interdite, surprise avec un peu de peur.
L’assistant lui a tilté sur le « revenir ». Comment Chiori peut-elle « revenir » alors qu’elle vient juste de faire ses débuts ? C’est bizarre.
Avant qu’il n’ait pu pousser la réflexion plus loin, le réalisateur embarque Chiori et se sauve, sous prétexte de reparler de cette scène devant un bon thé.

Devant un bon thé justement, assise face au réalisateur, Chiori lui demande, pour la forme, s’il connaît la vérité à son sujet. Elle a déjà compris qu’il est au courant. Il confirme, lui disant qu’Okuya, le réalisateur de The Scarlet Dice, est un de ses compagnons de boisson. Okuya était inquiet à propros de Chiori. Il a toujours veillé sur elle dans l’ombre, espérant qu’elle redevienne celle qu’elle était avant. Et un jour, alors qu’il lui parlait de BOX’’R’’, Okuya lui a fortement recommandé d’embaucher Chiori. Mais bien qu’il reconnaissait qu’elle était une bonne actrice, le réalisateur l’avait classé dans la catégorie des actrices mignonnes. Cependant, comme il pensait laisser tout le côté effrayant dans les mains de Natsu, il a accepté. Il n’a jamais pensé qu’elle pourrait se dévouer autant pour son rôle. Vu ce qu’il lui était arrivé sur l’autre drama, il pensait qu’elle ne se donnerait pas à fond cette fois-ci. Mais Okuya croyait en elle. Il lui a même dit : « Cette fille ira jusqu’au bout. Même si ça risque de lui donner une mauvaise image auprès du public, comme par le passé, elle le ferra. Parce qu’elle est elle, parce qu’elle a un vrai talent, quelque chose qui fait qu’elle ne se laissera jamais abattre par ça. Elle surmontera les blessures de The Scarlet Dice et aux yeux de certains, elle retrouvera son aura passé».

Kyouko a les jambes toutes flageolantes. Elle avance cahin-caha, demande à l’assistant principal s’il a vu Chiori. Il lui répond qu’elle est avec le réalisateur, lui indique la direction. Elle s’incline pour le remercier et repart. Elle aperçoit le réalisateur, seul.

Chiori est restée sur sa chaise. Elle pense aux paroles d’Okuya, rapportées par le réalisateur : Okuya lui a dit que selon Okuya, si Chiori était si célèbre quand elle était petite, ce n’est pas seulement parce qu’elle jouait remarquablement bien pour son âge, mais aussi parce qu’elle voulait absolument jouer à la perfection. C’est cette détermination qui lui a permis de surpasser les adultes et de gagner en célébrité. Et selon le réalisateur, elle a encore cette détermination en elle.
Chiori a le visage baissé vers la table, on ne peut pas voir ses yeux. Elle semble perdue. Sa détermination en tant qu’actrice ? Elle n’a plus ce genre de chose en elle. Ce qui s’est passé, c’est qu’elle s’est sentie défier par Kyouko. Et tout ce qu’elle voulait, c’était la voir mordre la poussière. Du coup, elle s’est lâchée, elle a laissé libre cours à sa colère. Mais elle n’a pas joué, elle a même oublié qu’elle était Yumika. Et de voir le sourire glaciale de Natsu, de voir que Kyouko, elle, était toujours dans son personnage, ça l’a figé. Plus que d’avoir eu le sentiment d’avoir perdu, elle s’est rendue compte qu’elle s’est laissé entraîner malgré elle dans son rôle de méchante. Et elle a eu peur.
Kyouko s’approche de Chiori, qui ne la voit pas, le visage toujours baissé vers la table.
Chiori repense aux compliments du réalisateur. Pour elle, Kaori est plus faite pour ce rôle que Yumika. En fait, ce n’est pas de la détermination, c’est juste elle, fuyant son rôle d’actrice. Il n’y a plus une once de jeu en elle.
Kyouko appelle Chiori d’une voix hésitante, laquelle ne répond pas. Elle se penche et se rend compte que Chiori est en train de pleurer.

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Une assistante révèle à Makino et la petite blonde que la manager de Mako Yangiori, la jeune fille « torturée » dans la scène du karaoke, est allée se plaindre au réalisateur, pour qu’il change la scène. Mako pleurait vraiment pendant le tournage.
Le réalisateur lui a dit qu’ils changeront le dissolvant par de l’eau mais la manager n’était pas satisfaite. Il n’y a pas que le dissolvant, il y a aussi le fait de lui enfoncer dans la bouche des litres de thé ! C’est de la torture ! Que ferrait-il si quelque chose tournait mal et qu’elle était blessée ? Le réalisateur la juge trop protectrice, après tout, une bonne partie du thé est ressorti par sa bouche et ses narines. La manager insiste, Mako n’est qu’une jeune fille, et ce n’est que son premier vrai rôle ! Il est vraiment sans cœur ! Le réalisateur se met à son tour à crier : imbécile, garçon ou fille, ça ne compte pas dans le monde des acteurs !

La vue de Kyouko se brouille car ses yeux s’emplissent de larmes. Elle est totalement paniquée : Chiori pleure par sa faute ?? Vraiment ? Oui, ça doit être ça… C’est parce qu’elle l’a forcé à agir de façon déraisonnable. Si elle a été profondément blessée dans le passé, ce qu’elle l’a forcé à faire aujourd’hui a du rouvrir sa blessure !
Kyouko s’apprête à s’excuser avec force, en faisant sa pose spéciale (cf les fois où elle s’est excusée auprès de Ren) mais Chiori la stoppe immédiatement, d’un ton sec et énervé. Elle n’a aucune envie de recevoir les excuses de quelqu’un qui se débrouille si bien dans la vie. Elle ne veut pas de sa pitié, elle ne veut pas se sentir encore plus misérable !
Kyouko est d’abord figée par « se débrouille si bien dans la vie ». C’est bien la première fois qu’on lui dit ça ! Puis perdue à cause du « misérable »… mais qu’est-ce qu’elle est censée faire alors ? Elle a un petit air navré, puis baisse les yeux et hésite. Elle finit par s’incliner et remercier Chiori. Celle-ci lui jette comiquement la canette de thé, les crocs sortis, elle lui demande pourquoi elle la remercie, elle se moque d’elle ou quoi ???

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Kyouko bat un peu en retraite, et ayant mis une certaine distance entre elle et Chiori, lui crie qu’elle ne se moque pas d’elle, au contraire, en fait de la maternelle au collège, elle a toujours subi des brimades. Ca hérisse les poils de Chirio qui a toujours un air comique de démon en colère : qu’est-ce que ça a à voir avec ses remerciements ?! Kyouko continue donc l’explication : avec un tel passé, Kyouko ne pensait pas être capable d’agir comme Natsu en voyant quelqu’un se faire torturer, de penser « c’est marrant ».
Chiori se calme immédiatement.
Kyouko ajoute que c’est ce qu’elle pensait. Pourtant, en jouant, elle s’est rendue compte que dans sa tête et dans son cœur (qu’elle montre de la main, comme Natsu l’a fait en défiant Chiori), deux personnalités distinctes existaient, et l’une d’elle était à l’aise avec les brimades, elle aimait ça. Etre capable de ressentir ça, aussi calmement, c’était incroyable. Elle se sentait un peu perdue dans sa tête, mais malgré ça, elle ne pouvait pas s’arrêter. Elle jubilait, de tout son corps et de tout son esprit. Cette sensation, c’était une première pour elle. C’était effrayant et étrange, comme quand on se lance à la découverte d’un nouveau monde.
Kyouko a un regard tout doux maintenant, paisible et heureuse. Elle dit à Chiori que tout ça, c’est grâce à elle. Et elle l’en remercie.

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