résumés

Volume Chapitre 112

Kyouko fixe le gâteau qu’elle vient de faire, scrutant le moindre défaut. C’est bon, il est parfait ! Son « professeur» repart aux USA dans 4 jours. Elle veut profiter du temps qu’ils leur restent pour le chouchouter autant que possible. Mais ce n’est pas sans arrière-pensée. Il lui a dit qu’une fois qu’elle aura surmonté sa faiblesse, il n’aura plus rien à lui enseigner, qu’elle ne sera plus son élève. Et ça, Kyouko ne le veut pas.
Elle rejoint Kuu dans le salon et s’apprête à lui servir une part de gâteau, qui s’écrase sur la table à l’annonce choc qu’il lui fait : finalement, il repart demain. Kyouko ne veut pas l’admettre : il avait dit qu’il voulait rester ici un peu plus longtemps. Kuu lui sourit : c’est vrai, c’est ce qu’il avait prévu. Mais il s’est passé quelque chose et il a changé de plan. En pensée, Kuu se dit qu’il pensait qu’il serait plus difficile que ça de convaincre Kuon/Ren de parler à ses parents, il avait donc utiliser l’excuse de « prendre quelques vacances dans mon pays natal » suite à la promotion de son film pour demeurer au Japon plus longtemps. Mais il a réussi plus vite qu’il ne l’espérait et maintenant qu’il a la vidéo de Ren, il veut rentrer le plus vite possible chez lui pour la regarder avec Julie, sa femme.
Kyouko est décontenancée et a du mal à cacher son dépit. Elle remet la part de gâteau sur l’assiette et sans enthousiasme se contente de dire que c’est dommage. Kuu n’a pas l’air de s’en apercevoir, il la prend au mot, reconnaissant avec un sourire qu’il est dommage qu’il s’en aille alors qu’il vient juste de trouver une actrice débutante ayant un vrai potentiel. Il regrette de ne pas pouvoir être là pour l’aider à développer son talent.
Kuu lui tend la main, alors Kyouko la saisit et lui dit de prendre soin de lui. Erreur ! Ce n’est pas sa main qu’il voulait, c’est l’assiette avec la part de gâteau ! Elle lui a coupé une part, n’est-ce pas ? Si elle ne se dépêche pas de la lui donner, elle va fondre et se déformer. Kyouko lui répond que cette part ci est pour elle… et avec un grand sourire, lui tend le reste du gâteau (les 9/10ème du gâteau quoi) en disant que ça, c’est sa part !

Alors que chacun déguste sa part, Kyouko lève timidement les yeux. Kuu mange avec une évidente satisfaction. Il a même échangé la part tombée que Kyouko s’apprêtait à manger contre une non-déformée. Kyouko sourit : il n’avait pas à faire ça. Kuu la complimente sur son don pour la cuisine, Kyouko sourit, embarrassée. Il lui dit alors qu’elle ferra sûrement une bonne mère. Kyouko lâche d’un coup sa cuillère et devient très sombre.
« Une bonne mère … qu’est ce qu’une bonne mère ? » Les ténèbres s’échappent de la jeune fille, et Kuu se rend compte qu’il a du mettre les pieds dans le plat. Il se rappelle alors que Kyouko lui avait avoué ne pas bien s’entendre avec sa mère.
Kyouko continue sa quête de la vérité ténébreuse : « Donc, donner de la bonne nourriture à ses enfants, ça suffit pour être une bonne mère ? »
Kuu lui répond que ce n’est pas vraiment ça, ce qui compte le plus, c’est l’amour.
Mot tabou ! Kuu sursaute, car la voix de Kyouko est encore plus ténébreuse que jamais. Elle lui dit que si c’est l’amour qui fait d’une femme une bonne mère, alors c’est impossible. Les ténèbres comiques ont laissé place à une Kyouko sincèrement sombre, douloureuse. Elle lui dit qu’elle ne pense pas avoir ce qu’il faut en elle pour être capable de donner de l’amour. Elle ne sait pas, parce qu’elle ne sait pas à quoi ressemble un amour parental. Elle ne sait pas comment on exprime son amour.
Kuu lui suggère alors que faire des bons petits plats maisons pour ses enfants, c’est une forme d’amour.
Le regard de Kyouko devient fin et dure. Oui, sûrement… mais cuisiner des petits plats, on peut le faire juste pour les apparences, pour prétendre qu’on est gentil.

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Kuu ne dit rien, ses sourcils creusés, touché par cette phrase lourde de sous-entendus.
Kyouko conclue en disant qu’elle sent qu’elle ne pourra pas rendre ses propres enfants heureux… et que de toutes manières, elle ne veut pas d’enfant.
Kuu la regarde sans un mot.
Kyouko se reprend, demandant à Kuu si son épouse cuisine. Dans sa tête, la femme de Kuu, donc la mère de Kuon, doit être une bonne mère, c’est ainsi qu’elle la voit en tout cas.
Kuu, avec un sourire lumineux, répond que oui, elle cuisine, même si elle est très occupée, elle prend le temps de préparer des repas. Ses plats ont d’ailleurs un goût unique, qui n’est pas fait pour plaire à tous. Kyouko se demande si c’est une manière de dire qu’elle cuisine mal. Kuu ajoute que pour Julie, il est très important d’avoir des repas en famille. Elle avait l’habitude de goinfrer Kuon au point qu’il ne pouvait plus respirer. Kyouko frissonne : mais c’est de la torture ça !
Kuu se rappelle que Kuon avait toujours les larmes aux yeux dès qu’on parlait de nourriture. Désespéré, il réalise que son fils n’était pas du tout heureux à ce sujet. Plus sérieusement et avec un air un peu triste, il dit à Kyouko que le sourire de Kuon s’est effacé peu à peu, alors qu’il grandissait. Et que c’est probablement de sa faute. Plus il faisait de son mieux pour devenir un grand acteur hollywoodien, plus Kuon souffrait. Lui et Julie étaient débordés de travail, ils ne s’en sont pas rendu compte, jusqu’à ce que Kuon n’en puisse plus.
Kyouko écoute l’acteur, touchée par cette confession.
Kuu et sa femme aimaient tant Kuon, ils étaient certains qu’ils le rendaient heureux. Mais lui ne le voyait sûrement pas comme ça. Là s’arrête ce que Kuu confie à Kyouko. Au fond de lui, il se dit que Kuon aurait sûrement été bien plus heureux, s’il n’avait pas été son fils. C’est une pensée qu’il rumine, encore et encore.
Kuu a l’air si triste, si coupable que Kyouko ne sait quoi dire. Elle l’observe en silence, baisse la tête à son tour, puis jette un coup d’œil timide dans sa direction. Kuu fait peine à voir.

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Face à cette douleur, Kyouko pense à la sienne. C’est dur pour elle de penser qu’elle ne sera plus son élève. Mais… Elle prend une respiration.
Puis d’un air sûr d’elle, déclare que Kuon était heureux, bien évidemment ! Kuu relève la tête. Elle continue : elle, elle n’a joué le rôle de Kuon que pendant quelques heures, et elle a été très heureuse. D’ailleurs, elle s’est sentie abandonnée, seule, quand elle a du arrêter de jouer. Elle a même eu des pensées ridicules, du genre « j’aimerai continuer à être le jeune Kuon ».
Cet aveu est comme un baume pour Kuu, qui la regarde sourire avec étonnement, mais sans douleur dans les yeux.
Kyouko lui dit qu’elle sait que ses sentiments sont semblables à ceux de Kuon. Parce qu’elle a été capable de découvrir quel personne il était, quels étaient ses sentiments. Et si elle en est si sûr, c’est parce que Ren le lui a dit : « Tu as vraiment réussi à comprendre et retranscrire les sentiments de Kuon ». Kuu est bouche-bée.
Grand silence.
Kuu, tremblant, demande confirmation : Ren a vraiment dit ça ???
Kyouko se méprend sur le sens de ses mots et se vexe. Kuu a pourtant reconnu le talent de Ren ! Elle confirme. C’est vrai que Ren a l’habitude de la mener en bateau, mais là, il était très sérieux. Le tout dit avec un air boudeur, sûr de soi.
Kuu ne peut donc que la croire et laisse échapper un sourire lumineux, une joie sincère, à laquelle Kyouko répond immédiatement, heureuse de le voir ainsi.

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Kyouko cuisine à nouveau, tout en réfléchissant. Elle a avoué quelque chose qu’elle ne voulait pas. Elle a avoué qu’elle avait bien saisi le personnage de Kuon, qu’elle avait donc surmonté sa faiblesse. Et donc, son professeur n’a plus rien à lui apprendre. Maintenant, c’est sûr, il va la mettre à la porte de l’école Hizuri. Mais elle n’avait pas vraiment le choix, elle ne supportait pas de voir Kuu aussi triste.
Kuu n’est pas loin justement, lui aussi dans la cuisine, en train de mettre la main à la patte, pour l’occasion, puisque c’est leur dernier soir ensemble. Il le fait d’ailleurs avec beaucoup d’entrain, en chantonnant. Joyeux, il se met à découper les ingrédients en petits morceaux.
Choc pour Kyouko : Kuu est très doué ! Incroyable !
Kuu lui rappelle que pour Julie, les repas en famille sont importants, encore plus quand ils sont faits maison. Donc, tout comme elle, il a cuisiné autant que son emploi du temps lui permettait. Du coup, il sait qu’il est assez doué.
Kyouko, naïvement, lui demande pourquoi, s’il sait cuisiner, il a demandé à ce qu’elle vienne travailler pour lui.
Boulette ! Kuu essaye de se rattraper, en disant qu’il ne voulait pas cuisiner alors qu’il est en vacances. Kyouko gobe le mensonge sans problème.
Elle sourit et lui dit que le fait qu’il sache si bien cuisiner, alors qu’il a beaucoup de boulot, c’est la preuve qu’en plus d’être un bon époux, c’est aussi un bon père. Voir un parrain.
(jeu de mot volontaire ( ?) de Kyouko entre « good father » et « god father », sachant que « God father », c’est le titre du « Parrain » en VO).
Il lui répond qu’il n’a aucune intention de devenir un mafieux.
Kyouko continue en lui disant qu’il est vraiment cool, une sorte de « mère du monde », un père de légende. Il répond qu’il n’a pas assez d’amour pour le monde entier. Kyouko lui dit qu’il se trompe. D’ailleurs, dans son cœur, il est un super père. Kuu rougit un peu. Kyouko ajoute que jusqu’à présent, elle n’avait jamais pensé qu’elle voulait un père. Mais maintenant, si elle devait en avoir un, elle en voudrait un comme Kuu.
Il la regarde avec affection, souriant doucement. Puis lui demande pourquoi elle dit des choses aussi stupides. Kyouko est toute embarrassée. Il la reprend : pas de « si ». Il est son père, et elle est son enfant. Kyouko, d’abord surprise, se souvient de ce que Kuu lui avait dit dans la limousine : « Parce que tu es mon fils ». Kuu lui dit qu’il n’a pas souvenir d’avoir coupé leur lien de parent-enfant. Ne veut-elle plus l’appeler papa ?
Kyouko est si émue qu’elle se met à pleurer… beaucoup pleurer. La voix tremblante, elle lui demande s’il le pense vraiment. Alors qu’il n’a plus rien à lui enseigner, qu’elle est devenue une grande actrice. Kuu la ramène vite fait sur terre : il l’attrape par la tête et lui dit qu’elle a encore beaucoup de choses à apprendre. En colère, il lui fait la leçon.
Le chapitre se conclue sur une pensée de Kyouko, celle qu’elle voudrait de toutes ses forces appeler Kuu « papa », avant qu’il ne reparte aux USA.

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