résumés

Volume Chapitre 105

Kyouko est figée par la surprise : son fils ? Ca veut dire… qu’elle va devoir jouer un garçon ?
Sa tête reflète bien sa perplexité, et Kuu lui dit que ce n’est pas parce que c’est une femme qu’on ne lui donnera que des rôles de femmes à jouer. On a déjà vu un jeune acteur devenir célèbre grâce à son rôle de vieille dame. Joué un personnage d’un autre sexe, d’un autre âge, ce n’est pas facile, mais si on a un bon sens de l’observation, et qu’on est doué pour capter les mimiques et les attitudes des individus, c’est possible. Kyouko doit découvrir comment un ado parle, comment un ado bouge, par l’observation, et n’utiliser son imagination que pour les détails qu’elle ne peut voir de ses propres yeux. Là dehors se trouve sa source d’information. Elle ne doit pas vivre passivement : chaque chose qu’elle voit, chaque chose qu’elle entend, chaque chose qu’elle ressent dans sa vie quotidienne, elle doit en prendre conscience, pour qu’un jour, quand elle en aura besoin, elle puisse se servir de toutes ces informations. Elle doit donc prendre l’habitude d’observer et mémoriser ce qui l’entoure.
La leçon a un grand impact sur Kyouko.
Elle a tout de même une question, qu’elle pose solennellement, en appelant Kuu « professeur » : est-ce qu’il peut lui donner des détails sur son fils ?
Kuu est agacé : elle n’a rien écouté de ce qu’il vient de lui dire ?
Kyouko, un peu embarrassée, explique qu’elle a bien écouté, mais que, normalement, tout rôle a sa particularité, elle aimerait donc connaître ce trait particulier de son fils, quelque chose de réel. Un seul mot suffirait.
Kuu réfléchit puis accepte. Il va lui donner un indice, mais un seul. Kyouko est tendue, alerte. Kuu lui révèle alors que la particularité de son fils, c’est qu’il est… intelligent. Travailleur, appliqué, parle bien, modeste, adorable, viril, avec un cœur tendre…
Le déluge de compliment ne s’arrête pas, malgré la timide tentative de Kyouko pour dire qu’elle n’avait demandé qu’un mot. Fier et heureux, Kuu continue l’éloge de son fils : il a de très bons réflexes, il est doué pour les arts martiaux, mais aussi en gymnastique, tellement doué que Kuu lui-même en est jaloux. Son fils, comme sa merveilleuse épouse, est plus que beau, il est élégant, il brille comme un diamant alors qu’il se tient silencieux avec air digne. La beauté de son fils et de sa femme dépasse celle des simples mortels.
Kyouko se dit que Kuu utilise tellement de descriptions imagées qu’elle ne comprend rien du tout. La seule chose qu’elle a compris, c’est que cet homme est… un vrai papa-poule. Incroyable. C’est la première fois qu’elle rencontre quelqu’un comme ça.
Kuu est monté sur sa chaise, l’air solennel, éclairé par un spot, il continue sa litanie, mais Kyouko ne l’écoute plus.
Ca existe vraiment alors, ces parents qui débordent tant d’amour pour leur enfant qu’ils les étouffent avec. Elle pense à sa mère, à son geste de recul quand elle essayait de l’approcher, quand elle était petite.
Le regard de Kyouko est fin, vide d’émotion. Ce genre de sentiment, cet amour débordant, c’est au delà de sa compréhension.

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Kuu redescend sur terre, et redescend de sa chaise en même temps. Il se rassoit, concluant que c’est tout ça, la particularité de son fils. Malheureusement, il n’est ainsi que dans ses souvenirs. Quand il avait 15 ans.
Kuu baisse la tête. Il aimerait voir ce qu’il est devenu, son fils de 20 ans. A quoi il ressemble, en tant qu’adulte. Il est sûr que son fils est encore plus beau que jamais.
Kyouko est surprise, ce que dit Kuu la mène à conclure que son fils est mort.
Kuu ajoute que s’il le pouvait, il aimerait le serrer encore une fois dans ses bras… Corn.
Hein ?
Battement de cœur de Kyouko.
Elle a bien entendu ?
Son cœur bat plus fort. Elle demande à Kuu si le nom de son fils, c’est bien Corn.
Kuu est surpris, puis comprend la méprise de Kyouko. Comme il vit aux USA, il a l’habitude de prononcer les mots avec une forte intonation, donc pour un japonais, son nom doit sonner comme corn, mais s’il le prononce à la japonaise, le nom de son fils est Kuon. K U O N. Il écrit même le nom sur un bout de papier, pour que ce soit bien clair.
Kyouko se dit alors qu’elle s’est trompée. Les mots sonnent pareils, l’espace d’un instant, elle s’est laissée emballer par tout ça, mais si elle avait réfléchi deux secondes, elle aurait tout de suite compris qu’il ne s’agissait pas de Corn, le prince des fées. Elle est vraiment bête, de s’exciter pour si peu.
Kuu lui dit qu’à partir de demain, son nom sera Kuon. Qu’elle travaille à créer son personnage, sa propre version de son fils, Kuon. Kyouko n’a pas l’air très à l’aise avec cette idée.

Sur les plateaux de Dark Moon, maquillée en Mio et assise sur une chaise, elle soupire. Elle a noté la liste de tous les adjectifs utilisés par Kuu pour décrire son fils, mais elle ne voit pas du tout quel personnage jouer. « Adorable » ET « viril »? A quoi ça peut bien ressembler, un personnage comme ça ?
Kuu lui a dit de se servir de ses observations pour créer le personnage.
« Elégant, brillant comme un diamant, un air de dignité… »
Elle n’a jamais vu quelqu’un comme ça. Grosse déprime. Cette description… ce garçon, il ne peut pas être humain… « Beauté qui dépasse celle des simples mortels »… Kyouko a une révélation soudaine : et si Kuon n’était vraiment pas humain… alors… elle connaît quelqu’un. Quelqu’un dont la beauté dépasse celle des simples mortels. L’image floue de Corn apparaît.
Et disparaît en un instant, car quelqu’un l’interpelle et la tire de sa réflexion : Ren, penché face à elle.

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Il la regarde, un peu inquiet, car Kyouko ne dit toujours rien. Elle réalise qu’elle a du rater quelque chose : il lui a demandé si elle allait bien. Elle s’étonne. Ren lui explique qu’elle n’a pas l’air bien, alors… est-ce qui lui est arrivé quelque chose ? A cause de Kuu Hizuri ?
Kyouko est surprise qu’il sache, à propos de Kuu Hizuri. Il lui dit que Yashiro l’a aperçu à la télé. Qu’est ce que Kuu peut bien attendre d’elle ? Intérieurement il se dit que les paroles du président ne l’ont qu’à moitié convaincues. Kyouko lui explique qu’on lui a confié la tâche de préparer les repas de Kuu Hizuri pendant son séjour au Japon. Ren est un peu rassuré… mais pas totalement. Il lui demande si c’est difficile.
Difficile ?
Oui, pour les repas. Kuu est connu comme étant un ventre sans fond.
Kyouko répond que c’est difficile, mais que c’est aussi intéressant. Et impressionnant : tout ce qu’elle prépare disparaît en deux secondes, il engloutie assez de nabe (plat japonais) pour 50 personnes et n’en laisse pas une miette. Ca, c’était au déjeuner, et au diner, il a soudain eu envie de kinpira salé, alors elle s’est dit que là aussi, elle devrait en préparer pour 50 personne, mais bon, elle se demande s’il en restera quelque chose demain matin. Ren écoute cette description avec un air entre embarras et même pas surpris, et il se dit que demain, Kyouko ne retrouvera rien, c’est sûr.

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Après un silence, il lui dit qu’il est rassuré qu’il ne se soit rien passé de grave. Elle avait un air si troublé quelques instants plutôt. Intérieurement, il se demande si le président n’a pas manigancé quelque chose, et qu’il se serre de Kyouko.
Cette dernière, d’abord surprise en réalisant que Ren se s’inquiète pour elle, le fixe ensuite intensément. Ren s’en rend compte, ce qui le met mal à l’aise. Ce qui la met mal à l’aise à son tour. Il lui demande ce qui se passe. Elle lui retourne la question. Il lui dit qu’il avait l’impression qu’elle allait dire quelque chose. Elle lui dit qu’il se trompe. Il insiste, on aurait dit qu’elle le fixait comme s’il était un ange salvateur. Kyouko nie véhément, secouant la tête de droite à gauche. C’est une fausse accusation !
Quelqu’un vient chercher Kyouko, on l’attend pour une scène. Une porte de sortie ! Kyouko se lève, et secouant toujours la tête, elle répète qu’elle ne cherchait aucune aide, et qu’elle n’a aucune source d’inquiétude, rien du tout. Vraiment. Pour de vrai. Elle s’en va en secouant toujours la tête. Attitude on ne peut plus suspecte, que Ren a bien entendu remarqué.

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Plus tard, dans une loge, Kyouko, qui s’est démaquillée, est déprimée : elle avait l’air suspect, elle même en a conscience. Beaucoup, beaucoup trop suspect. Désolé Ren ! Elle s’affale sur la table. Et soupire. Elle ne trouve pas comment jouer Kuon. Mais ces derniers temps, elle a trop tendance à chercher de l’aide auprès de Ren. Elle ne doit pas continuer ainsi. Elle doit y arriver seule, parce que c’est une tâche qu’on lui a confié à elle, parce qu’elle veut s’améliorer. Cette fois-ci, contrairement à ce qui s’est passé pour Mio, elle veut le faire seule, sans l’aide de Ren.
Ce qui lui a dit à l’époque lui revient tout de même en mémoire : « dans quel genre d’environnement Mio a-t-elle grandi ? ».
L’environnement, c’est ça ! Kuon a grandi aux USA… donc il doit parler en anglais ! Elle avait pensé qu’étant au Japon, que son nom est japonais et que Kuu parle japonais, Kuon parlerait en japonais aussi. Mais non, ça lui paraît évident maintenant. Ouf, elle a failli faire une bêtise. Elle sourit : Ren l’a encore aidé finalement. Que lui avait-il dit d’autre ? Ah oui : sa personnalité, ses expressions au quotidien…
Kyouko regagne confiance. Au travail !
Alors : intelligent, modeste, adorable… première tentative : un garçon propret, en uniforme, à lunette, avec un petit air mimi, tenant une poupée Bo dans la main, disant que c’est son ami.
Ah mais… « viril »… « Superbes réflexes »… deuxième tentative : un tennisman hyper cool, un playboy.
Sauf que… « Doué pour les arts martiaux »… un karatéka ? Fort, jouant avec des altères et disant que ses mots préférés sont l’amitié, la victoire et le courage !
Argh, non, tout mais pas un fils comme ça ! Kyouko se remet à déprimer. Elle a un air triste.
« Si doué en gym que moi-même j’en étais jaloux »
Corn qui s’envole dans le ciel.
« Brillant comme un diamant alors qu’il se tient silencieux, avec un air noble ».
Corn qui scintille dans la forêt.
Kyouko relève la tête et fixe le miroir qui lui fait face.
Corn…
Peut-être que….
Sa façon de parler… ça pourrait coller. Etonnant, hein, qu’un humain et le prince des fées puissent se ressembler, même leur nom son proche. Mais bon, soyons réaliste, pour la beauté, Corn est inégalable. Elle est fière de Corn, comme Kuu était fière de Kuon quand il en faisait la description, elle a les bras autour de la taille, et un air vantard.
Puis redevenue sérieuse, elle se dit que s’il lui est impossible de devenir Corn, elle devrait être capable de s’en rapprocher. Elle essaye différents styles de coiffure.
Elle revoit sa première rencontre avec Corn. Sauf que cette fois-ci, c’est elle Corn.
« Ravie de te rencontrer Kyouko. Je m’appelle Corn.» Le tout prononcé avec un air serein et digne.
Oui ! Si elle arrive à se rapproche de Corn, elle devrait être capable de devenir Kuon.

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