résumés

Volume 16 chapitre 93

Les petits démons Kyouko s’effondrent les un après les autres, incapable de supporter l’aura intense que dégage le sourire sincère de Ren. Kyouko a elle-même un peu de mal à réagir, tellement ce sourire l’a prise par surprise. Elle reste donc silencieuse, à côté de Ren, à admirer le paysage et analyser la situation. Elle qui pensait que Ren était en colère… apparemment, ce n’est plus le cas. Bizarre, elle ne s’est même pas encore excusée… elle jette des petits regards dans sa direction. Et sursaute quand il l’interpelle. Il lui demande ce qu’elle fait ici, à une heure si matinale. Il a bien une idée, la connaissant, c’est sûrement lié à sa passion pour le féerique, mais il préfère commencer la conversation par des questions… normales.
Kyouko réfléchit un instant, des images de fées l’appelant pour qu’elle joue avec elle, et l’image de Corn défilent successivement dans sa tête. Tout sourire avec un petit air embarrassée, elle répond qu’elle est venue refaire son plein d’énergie. Ren la fixe avec un regard sérieux, puis détourne son visage et soupire, ce qu’elle ne prend pas bien du tout. Et d’un ton strict, il lui dit qu’ils doivent rentrer à l’hôtel. Joignant l’acte à la parole, il s’éloigne du bord de l’eau. Kyouko le suit, ne comprenant pas du tout d’où peut venir se revirement d’humeur. Elle l’a gêné, elle a gâché sa balade, c’est pour ça qu’il veut rentrer si vite ?

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Ce n’est absolument pas le cas. En vérité, si Ren s’est montré froid et distant, c’est pour s’empêcher de tomber dans l’attitude inverse : elle avait l’air si mignonne quand elle lui a sourit qu’il n’a eu qu’une envie, la prendre dans ses bras, voir plus. Non, il ne pouvait pas rester plus longtemps seul avec elle quand elle affiche une telle expression. Il risque de devenir un vrai pervers. D’ailleurs, il vaudrait mieux que Kyouko ne se montre pas ainsi devant les autres hommes, elle se ferait constamment harceler, c’est sûr.
Le mot « harceler » fait tilte dans sa tête. Il s’arrête et se tourne vers elle. Les bras croisés, l’air toujours sérieux, il lui demande comment ça se fait qu’elle soit venue ici, un endroit isolé, à une heure où il n’y a personne dans les alentours. Qu’aurait-elle fait si elle était tombée sur son agresseur de la veille ?
Kyouko se méprend sur l’origine de sa question, elle pense que c’est pour ça que Ren a soupiré tout à l’heure, parce qu’il s’inquiétait. Elle le rassure : elle était certaine de ne pas le trouver ici, elle savait qu’elle serait en sécurité. Après tout, ce n’est vraiment pas le genre de garçon qui se lève au chant du coq. Les gens faisant du visual (groupe de musique avec beaucoup de maquillage, style gothique) préfère afficher une vie désorganisée. Elle ajoute en penser que même Sho prétend avoir un rythme de vie détraqué.
Ren est surpris : visual ? Mais… l’agresseur n’est pas censé être quelqu’un du public ? Ca veut dire que c’est un musicien ?
Kyouko a l’air gêné, mais pas paniqué. Elle hoche la tête, confirmant que c’est un musicien, et décide de tout lui expliquer : tout est la faute de ces deux idiots. Idiot n°1, Sho, idiot n°2, Reino. Ils se font la guerre, et elle s’est retrouvée entre les deux, embarquée malgré elle dans leur pathétique bataille. Et quand elle l’a appelé le soir, il ne s’était encore rien passé. Elle avait juste ressenti une vague de haine à son encontre, ce qui l’a effrayé.
Ren réfléchit : Beagles ? Jamais entendu parler.
Kyouko continue : c’est pour ça qu’elle a hésité sur le fait de tout lui raconter au téléphone. Elle s’en excuse. Et puis, après ça, les choses sont devenues très compliquées, et c’était douloureux pour elle d’en parler avec Ren. Reconnaître que son pire ennemi l’a protégé, celui dont elle a juré de se venger, c’était trop pitoyable. Elle a eu peur que quand Ren le découvrirai, il serait déçu par elle. Et pire, qu’il lui dirait qu’il ne voudrait plus jamais lui parler en dehors du travail.
Kyouko a un air tout penaud. Ren lui répond qu’il ne dirait jamais ça. Intérieurement, il ne peut qu’être surpris : C’est comme ça qu’elle me voit ??? Cette pensée le déprime un peu. Il se reprend rapidement et dit à Kyouko qu’elle n’y pouvait rien. Le seul qui savait que l’agresseur était à ses trousses était Fuwa. Et puis, son agresseur était un homme, elle ne pouvait pas s’en charger seule. Et de toutes manières, elle ne perdrait pas son estime juste parce qu’elle a été protégée par Sho.
Kyouko est surprise et heureuse de ce qu’elle entend.
Ren conclut par : et ce n’est pas comme si tu avais demandé à Sho de te protéger, n’est-ce pas ?
Kyouko sursaute, se met au garde à vous et s’exclame fortement : bien sûr que non !
Bien que souriant à l’extérieur, Ren admet intérieurement que si Kyouko, qui n’a pas voulu lui demander de l’aide à lui, en avait demandé à Fuwa, là, il n’aurait vraiment pas pu lui pardonner.
Ils repartent ensemble vers l’hôtel, dans une ambiance beaucoup plus détendue.
Cependant, pour Kyouko, le problème n’est pas entièrement réglé : c’est vrai qu’elle n’a rien demandé à Sho… mais… Elle revoit des images de la veille, Reino, sa terreur, son soulagement quand elle a vu Sho…

Dans sa chambre d’hôtel, ces images tournent sûrement encore dans sa tête, car Kyouko est assise au bord de son lit, silencieuse et mal à l’aise.
Momose la sort de ses pensées en lui proposant d’aller prendre leur petit-déjeuner ensemble. Kyouko accepte.
Alors qu’elles attendent l’ascenseur, Momose lui demande si quand elle a vu Ren ce matin, il était encore en colère. Kyouko la rassure, Ren est redevenu lui-même. Du coup, elle ne sait même pas pourquoi il s’est énervé hier.
Momose a une idée elle, et elle lui en fait part : ça a du être un choc pour Ren hier soir, de découvrir qu’une amie dont il est très proche lui a caché tant de chose. Kyouko a un mouvement de recul catastrophée : « amie très proche » ??? Mais c’est de la folie ! Ils n’ont pas du tout ce genre de relation, comment Momose a-t-elle pu en venir à une telle conclusion ???
Momose ajoute quand voyant cette facette de Ren qu’elle ne connaissait pas, un Ren en colère, elle a compris que…
Kyouko a soudain une grande espérance : se peut-il…. Se peut-il que Momose ait enfin réalisé qui Ren était réellement ?!
Momose termine sa phrase, les yeux brillants d’étoiles : elle a compris que… Ren était entièrement devenu Katsuki !
Kyouko s’écroule.
Momose ajoute qu’elle en ait sûre, parce qu’elle a fait face à Ren pendant le test, elle sait à quoi devrait ressembler Katsuki quand il est énervé, et c’est exactement ça !
Kyouko ne se sent pas de la détromper. Elle décide aussi d’accepter son explication sur l’origine de la colère de Ren, que c’est parce qu’elle lui a caché des choses. Bien qu’elle n’ait pas du tout l’impression que ça en soit réellement la cause.
Elles sortent de l’ascenseur. Et soudainement, Kyouko se bloque : dans le hall, parmi la foule, elle a repéré son ennemi ! Sho ! Kyouko passe de la surprise à un visage on ne peut plus déterminé. Et elle s’élance à sa poursuite, s’excusant de ne pas pouvoir aller manger avec Momose, lui disant qu’elle la rejoindra.

Dans une chambre d’hôtel, Yashiro est assis face à Ren, et ils prennent leur petit-déjeuner. Yashiro fixe discrètement l’acteur du regard. Ren s’en rend compte, et lui demande si quelque chose ne va pas. Yashiro lui répond qu’il était juste surpris qu’il ait l’air serein. Ren est surpris, et lui répond qu’en effet, tout va bien. Est-ce que son manager s’inquiéterait encore à cause de ce qui s’est passé la veille. Oui, Yashiro le reconnaît. Il pensait qu’il serait moins… un peu… un peu moins en forme… Ren sourit, répondant qu’effectivement, ce qui s’est passé hier l’a beaucoup surpris. Et reproche à son manager qu’alors qu’il lui avait demandé tous les détails, ce dernier lui en a caché une partie. Yashiro s’excuse alors à la manière de Kyouko, de façon exubérante, en s’inclinant sur la table et en hurlant un grand : je suis désolé, je ne pouvais pas en parler au téléphone… Mais Ren rigolait, il ne lui en veut pas, pas la peine de s’en faire. Yashiro se redresse d’un coup : vraiment ? Je ne vais pas être considéré comme un traitre ? Là, Ren lui dit qu’il en fait trop. Yashiro pleure de joie, louant la bonté d’âme de Ren.
Ren repense à la remarque de Yashiro, quand ils étaient à la séance photo, et qu’il a mentionné le lieu de tournage de Dark Moon, et le fait que beaucoup de célébrités s’y rendaient. Et l’hypothèse de Kyouko pourrait y tomber sur Sho. Cette hypothèse, aussi improbable qu’elle avait l’air, s’est bel et bien réalisé.
Yashiro sort de la chambre en disant à Ren qu’il viendra le chercher dans 45 minutes. Il s’en va. Ren, seul, ne se sent pas très bien : même s’il n’a pas pris grand chose au petit-déjeuner, c’était déjà trop pour son estomac. Il décide donc de faire un peu d’exercice pour digérer, en montant et descendant les escaliers. Vu qu’il y a un ascenseur, il y a peu de chance qu’il tombe sur quelqu’un. Alors qu’il arrive presque en bas des marches, il entend des voix. Si on le surprend à monter et descendre les escaliers, il va devoir trouver une explication, et ça, il n’en a pas envie. Il remonte donc les escaliers nonchalamment, préférant tourner en rond dans sa chambre. Mais il surprend quelques mots de la conversation, et surtout, reconnaît la voix : c’est celle de Kyouko. Il l’aperçoit en bas de marche. Elle fait face à quelqu’un qu’il ne peut voir d’où il est.

Kyouko, le visage très sérieux, parle à Sho. Ce dernier est silencieux, adossé au mur, les mains dans les poches. Kyouko commence son discours solennellement et sérieusement, en disant qu’elle a oublié de lui dire quelque chose le très important la veille. Petit silence. Sho lui demande de quoi il s’agit. Nouveau silence de Kyouko. Puis elle se jette à l’eau : hier, quand il l’a sauvé… bon, ce n’est pas comme si elle lui en était reconnaissante, mais en tant qu’être humain, avec un minimum de savoir vivre, il lui paraît raisonnable de lui adresser aux moins quelques mots de remerciement. Sho n’en revient pas : mais c’est quoi ça ?! C’est comme ça qu’elle remercie les gens ??? Qui dirait « je ne suis pas reconnaissante » à quelqu’un à qui elle dit merci ???
Kyouko se défend en lui criant dessus, comme il l’a fait : Déjà, je ne t’avais pas demandé d’intervenir, et en plus, là, tu te plains que je vienne te remercier ?!!
Sho : mais ça n’a rien d’un remerciement !!! T’aurais au moins pu dire un simple « merci » ! T’es vraiment pas mignonne !
Kyouko : encore heureux, rien que l’idée que tu me trouves mignonne me donne la chair de poule !
Et de s’engueuler de plus bel.
Ren, figé et les yeux grands ouverts, a du mal à y croire. Mais au delà de la surprise, quelque chose l’inquiète. Cette scène, c’est comme la dernière fois, quand Sho et Kyouko se sont affrontés tels des cowboys dans un couloir, et qu’il n’avait pu intervenir.
Les deux ex-amis d’enfance n’ont pas fini de se chamailler. Maintenant, Kyouko s’énerve, soupçonneuse. Sho lui a dit qu’il avait « réglé » le problème avec « ce type » (Reino), elle se demande bien comment il a pu faire pour discuter rationnellement avec un être totalement irrationnel. Mais de quoi ils ont parlé ??
Sho prend un air détaché, comme si ce n’était qu’une broutille, et lui répond qu’il a eu une « discussion entre homme », le genre de discussion où on n’a pas besoin de parler.
Kyouko, surprise, lui crie à nouveau dessus : ne me dis pas que tu as utilisé la violence ???
Sho, toujours tranquille, acquiesce, ajoutant qu’il l’a frappé partout sauf au visage.
Kyouko se jette sur lui, les larmes aux yeux, le tapant telle un enfant piquant une crise, lui disant qu’il est stupide, qu’à cause de ça, Reino va tout dire aux médias !
Retenant ses coups, Sho lui réaffirme qu’elle n’a aucun soucis à se faire, même s’il n’a aucune fierté en tant que musicien, ce type a sa fierté d’homme. A sa place, lui, il ne dirait rien du tout. Ce type n’a rien pu faire quand il s’est fait frapper par la proie qu’il poursuivait, c’est la honte !
Kyouko s’est calmée, elle ne pleure plus, ni n’essaye de frapper Sho. Elle reste silencieuse. Sho aussi, attendant sa réaction.
Et ce silence, ce n’est pas bon pour Ren, il le sent. L’atmosphère entre ces deux là, c’est comme la dernière fois, ils parlent de chose dont il ne sait rien, ils sont dans leur monde, un monde où personne ne peut entrer. La dernière fois, il n’a pas pu intervenir, il n’a pas pu les séparer, l’éloigner de ce gars.
Kyouko a du mal à comprendre l’attitude de Sho. Elle lui demande pourquoi il a fait ça. Il se rend compte que si Reino n’avait pas de fierté en tant qu’homme, il aurait de gros ennuis ? Alors pourquoi, pourquoi il a pris tant de risque pour le faire taire ?! Il aurait pu la laisser se débrouiller toute seule !! La sauver ne lui rapporte rien ! Elle a à nouveau perdu son calme, et intérieurement, elle se dit qu’elle ne veut pas avoir encore plus de dettes à son égard.
La réponse de Sho brise ce flot d’émotions. Simplement, il lui dit que ce qui aurait pu lui arriver à lui, il n’y a pas du tout pensé sur le moment. La seule chose qui comptait, c’était sa sécurité à elle.
Kyouko le regarde, les yeux grands ouverts, la bouche entre-ouverte, sérieuse.
Ren est aussi surpris qu’elle. L’avertissement de Yashiro resurgit dans sa tête : ces deux là sont liés par des liens forts.
Kyouko, toujours surprise, laisse échapper quelques mots : pourquoi… pourquoi tu ferais ça ?
Sho a un regard fin, calme et vrai : pour moi, tu es…
Ren s’élance dans les escaliers.

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