résumés

Volume 16 chapitre 92

Kyouko et Momose discutent sur le plateau de tournage. Ren les salue, tout sourire, avec Yashiro derrière lui. Momose lui retourne le bonjour, et Kyouko, une fois la surprise passée, s’incline et lançant un bonjour plein d’énergie. Elle a du mal à y croire : Ren est si calme, de bonne humeur, alors que la veille… Elle déchante rapidement, car Ren, toujours souriant, lui parle de la nuit dernière, comment il a été un peu offensé d’avoir été traité comme monsieur-tout-le-monde. Il parle d’un ton sarcastique, lui rappelant qu’il lui a donné beaucoup de conseils, qu’il l’a même appelé la veille de son départ pour Karuizawa, et après tous ces signes de gentillesse, elle le traite comme un étranger. Franchement, soit elle est sans cœur, soit elle n’a aucun sens de la bienséance. Il le dit sur un ton désinvolte, mais Kyouko est toute piteuse et ne peut que répondre par un petit « désolé ».
Cependant, Ren n’a pas fini : Et ce n’est pas tout ! En plus, tu t’es laissé défendre par Fuwa, l’homme dont tu es censée vouloir te venger. Pitoyable, n’est ce pas ?
A ces mots, Kyouko relève la tête. Et reste muette, sous le choc : Ren fait à présent la même tête que la veille, quand il l’a regardé durement. Il lui dit qu’elle l’a vraiment déçu, et qu’à partir de maintenant, il ne veut plus lui parler en dehors du travail. Et tourne le visage, comme la veille.
Kyouko panique.

Elle se réveille dans la chambre d’hôtel, le bras tendu en l’air, comme si elle avait essayé de rattraper Ren. Tout ceci n’était qu’un mauvais cauchemar. Kyouko essaye de se rassurer, en insistant sur le fait que ce n’était pas réel… et replonge dans son désespoir en se disant que si ce n’est pour l’instant qu’un rêve, ça risque de bel et bien se passer comme ça quand elle reverra Ren aujourd’hui. En réalité, ce n’est pas un rêve, c’est une prémonition. C’est sûr, après ce qui s’est passé hier soir, Ren ne voudra plus lui parler. D’habitude, quand Ren est réellement en colère, il vous regarde bien dans les yeux, comme ça lui est déjà arrivé par le passé. Et ce regard est si chargé qu’il pourrait vous tuer. Mais là, c’est pire, il a détourné son regard. Elle en conclue qu’il aurait mieux valu qu’il soit sarcastique, qu’il utilise son regard de tueur, plutôt que ça… Toute cette réflexion ne l’aide pas du tout à se sentir mieux, aussi décide-t-elle de ne plus s’en soucier, à quoi bon s’en faire alors qu’elle n’a pas encore revu Ren. Elle se penche vers son réveil : 5h du matin. Après une courte hésitation, elle décide de se lever. Elle sait ce qu’elle va faire… et son projet lui rend déjà son sourire.

Dans la forêt, tôt le matin, Ren se promène, observant les insectes voler. Les voir s’éloigner ramène ses pensées à Kyouko. Il l’imagine, effrayée comme une biche, s’enfuir à toute vitesse dès qu’elle le verrait. Cette idée l’abat complètement, il y voit même une prémonition. S’il effraye à nouveau Kyouko, elle ne voudra plus jamais lui ouvrir son cœur. Il en est parfaitement conscient. Mais la veille, il n’a pas pu se retenir.
Quand il a appris ce qui était arrivée à Kyouko par l’intermédiaire de Yashiro, il s’est tout de suite souvenu du coup de téléphone de Kyouko, et il a compris pourquoi elle l’a appelé… et pourquoi elle lui a menti à ce moment-là, en prétendant que tout aller bien. Malgré ça, il n’a pu s’empêcher de ressentir une colère dévorante. Pouquoi ne s’est-elle pas confiée à lui, alors qu’elle a eu si peur qu’elle est même allée jusqu’à l’appeler, lui qui était à des centaines de kilomètres de là ? Et pourquoi lui n’a pas compris immédiatement, alors qu’il savait que quelque chose s’était passé ?

Dans la forêt, au bord d’une rivière, Kyouko se penche, plonge ses mains et s’asperge d’eau froide. Elle est joyeuse, heureuse. Elle savait que sortir et se promener dans la verdure de bon matin la mettrait de bonne humeur. Elle sautille et fredonne, insouciante. Des fées l’entourent, l’attirant et lui disant qu’elles ont chassé toutes les sombres pensées de son cœur… ou tout du moins, c’est ce que Kyouko s’imagine. Un univers féerique, où de petits êtres ailés l’inviteraient à danser.

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Cette forêt lui rappelle s’elle où elle a rencontré Corn quand elle était petite, avec une ambiance relaxante. Elle passe entre les buissons, pour atteindre une rivière. Elle a l’impression que comme dans le passé, ici, elle pourrait tomber sur Corn. Elle écarte les branches et s’arrête, surprise : quelqu’un se tient au bord de la rivière… Ren ?!

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Ce dernier a l’air aussi surpris qu’elle. On peut suivre leurs pensées en parallèle. Du côté de Kyouko, la surprise est telle qu’elle est raide comme un piquet. Avec les reflets de la lumière sur l’eau, elle a cru un instant que Ren était Corn. Mais ce n’est pas ça le plus grave : qu’est ce que Ren fait ici ???
Ren se pose la même question. Bien qu’il ait une vague idée de la réponse. Connaissant Kyouko, elle a du gambader aux milieux de fées imaginaires.
La position de Kyouko est telle qu’on a l’impression qu’elle s’apprête à s’enfuir, penchée en arrière, les yeux grands ouverts et le visage dégoulinant de sueurs. Du coup, Ren pense qu’elle est en colère. De même pour Kyouko, l’attitude de Ren lui fait croire qu’il est en colère.
Ren, se remémorant la prémonition où Kyouko le fuit, se reprend. Il doit rester calme, et lui montrer que s’il est parti sans un mot la veille, ce n’est pas de sa faute. Qu’elle n’a aucune raison d’être effrayé. Il doit agir comme si tout allait bien, comme d’habitude. Il la salue donc, avec un sourire. Mais obtient l’effet inverse : Kyouko, qui voit dans le sourire de Ren l’accomplissement de la prémonition qu’elle a eu cette nuit, panique totalement. Elle fait un pas en arrière… et s’arrête. « Même s’il est sarcastique, ce n’est pas grave, du moment qu’il me regarde en face… ? ». Tout plutôt que d’en arriver au point où il ne voudrait plus jamais avoir à faire à elle, c’est à cette conclusion qu’elle était parvenue ce matin.
De son côté, Ren a remarqué son ébauche de retraite, et ne peut ignorer sa tête baissée, une attitude qui l’amène à conclure que Kyouko, comme il le craignait, ne lui ouvrira plus jamais son cœur. Ses yeux reflètent la tristesse qui l’envahit. Mais soudain, il entend un bruit. On dirait… que Kyouko a parlé ?
Cette dernière a maintenant plus l’air d’une enfant qui cherche à se faire pardonner que d’une biche sur le point de fuir. Comme Ren ne l’a pas entendu la première fois, elle hurle son message : Cela ne vous dérange pas que je vienne de votre côté ? Le crier lui a demandé beaucoup de courage, car pour le moment, elle se sent comme un condamné à mort, qu’on envoie à l’échafaud.
Ren a du mal à y croire. En pensée, il se dit qu’il n’a jamais voulu la mettre dans cet état (on revoit la tête de Kyouko, presque au bord des larmes la veille). C’est à lui-même qu’il en voulait, d’avoir perdu face à Fuwa. Tout ce qu’il voulait, c’était la protéger.
Et avec un visage serein et un doux sourire, il invite Kyouko à le rejoindre.

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