Sho est dans un studio d’enregistrement, le casque sur les oreilles, un sourire bizarrement comique sur le visage, visiblement de bonne humeur, ce que sa manager et Asami, de l’autre côté de la vitre, ne peuvent s’empêcher de remarquer. Asami suppose que les choses ont du bien se passer avec Kyoko, peut-être qu’ils se sont remis en couple ? Shoko est alors obligée d’admettre qu’elle n’en sait rien. Sho ne lui a rien dit, mais vu l’air satisfait qu’il affichait dans la voiture, quelque chose a du effectivement se passer. Ce qui est évident, c’est que Reino n’est pas sa cible dans cette histoire. Il a du chercher à atteindre Ren… mais comment ? Shoko s’en veut, mentalement elle se reproche d’avoir été aussi coulante et d’avoir laissé Sho y aller seul.
Sho, de son côté, repense à la tête de Kyoko, quand il lui a dit qu’il venait de lui prendre son premier baiser. Elle est si facile à comprendre, si transparente, elle n’a pas pu cacher le choc que ça lui a causé. Pour lui, il est évident que Kyoko avait du se faire tout un scénario ultra romantique pour son premier baiser : un prince, un beau château, une belle robe de princesse, une promesse d’amour éternel… à l’heure qu’il est, elle doit être en train de péter les plombs, hurlant son nom, enragée, lui reprochant son geste, et donc, ne pensant qu’à lui et à lui seul. Il faut qu’elle rumine tout ça, qu’elle soit obnubilée par lui, nuit et jour, qu’elle le déteste plus que jamais ! En un mot, qu’elle ne voit que lui !!!
Kyoko est effectivement en train de penser au scénario parfait qu’aurait du suivre son premier baiser, exactement celui imaginé par Sho. Une Kyoko plus jeune, brune, aux cheveux mi-longs, au sol, une poubelle à la main. Elle est dans les toilettes du collège. Les fans de Sho ont jeté son déjeuner dans la poubelle, elle est venue le récupérer. Et elle a laissé son imagination déraper. Mais si elle ne se dépêche pas, elle n’aura pas le temps de manger. Elle farfouille dans la poubelle et se résigne à abandonner son déjeuner, il est dans un tel état. Par contre, elle doit absolument récupérer ses baguettes, c’est un présent de la mère de Sho. Soudain, elle les aperçoit parmi les détritus…
…
Retour à la réalité, à notre époque, dans la cafétéria des studios de tournage de Dark Moon où Kyoko, déguisée en Mio, s’est accroupie sous une table pour récupérer ses baguettes. Elle s’est figée, tremblante et agacée par ce souvenir très désagréable qui lui est revenu. Elle, collégienne, fleur bleue, l’époque où elle était encore naïve et innocente. Elle n’aurait jamais imaginé que Sho puisse lui voler son premier baiser… Non, ce n’est pas un baiser !
C’est vrai que comme elle a décidé qu’elle ne retomberait jamais amoureuse, ce n’est pas comme si elle réservait son premier baiser pour quelqu’un de particulier… mais quand même ! Que ça se passe d’une façon aussi stupide, comme une mauvaise farce ! Même si elle s’est enfin remise du choc, elle bouille intérieurement. Shotaro, comment as-tu pu souiller ainsi la pureté de mes lèvres pour une raison aussi débile que récupérer un chocolat !!!!!! Je ne te le pardonnerai jamais !!!!
Kyoko est en mode rage X 1 000 000 000. Ce qui inquiète Yashiro, lequel s’est penché sous la table pour voir ce qu’elle faisait. Et laisse Ren dubitatif. Yashiro lui demande si tout va bien. Kyoko se reprend et retrouvant un visage humain, annonce fièrement qu’elle a retrouvé sa baguette et qu’elle est sûre qu’elle est encore utilisable. Mais puisque ce n’est pas très hygiénique d’utiliser une baguette tombée par terre, elle va quand même aller en changer. Yashiro acquiesce avec un petit rire, Ren reste toujours silencieux.
A peine levée pour aller récupérer des nouvelles baguettes, Kyoko croise deux dames dont l’une vante bien fort le dessert au chocolat qu’elle a choisi, délicieux et fondant. Une grosse veine apparaît sur le front de Kyoko et des crocs surgissent de sa bouche. Chocolat délicieux… comme celui de Sho ! Sho qui l’agrippe et qui… !!! Mauvais souvenir ! Heureusement, Yashiro l’appelle et la tire de ses pensées. Malgré l’air humain qu’elle affiche à nouveau, le manager et l’acteur ne sont pas dupes : Kyoko n’arrête pas de penser à ce qui vient de se passer. Alors que Ren a fait tant d’efforts pour lui changer les idées. Mais c’est de Fuwa Sho dont on parle, il est probable que Kyoko ne s’en remette jamais. Ren écoute parler son manager sans rien dire. Il affiche un visage sérieux, un regard fin, qui suit Kyoko des yeux.
Dans la loge de Ren, l’acteur et Kyoko sont assis sur un canapé, face à une table basse sur laquelle trône un verre au design très particulier : une sorte de coupe de champagne triangulaire autour duquel s’enroule une tige soutenant plusieurs petites roses. Quelque chose bien dans le goût de Kyoko. Dedans se trouve une substance de couleur foncée.
Tous deux observent le verre en silence. Ren attend que Kyoko parle. Elle se lance : elle a fait une gelée de vin. Elle a pensé que Ren pourrait en manger, comme dessert. En fait, elle ne lui a pas offert de chocolat, craignant que ça l’embête. Mais elle tenait à lui offrir quelque chose pour la St-Valentin. Quelque chose de facile à manger. Elle a beaucoup réfléchi et… la gelée… c’est simple à manger, ça passe tout seul…
Kyoko a le rouge aux joues, les yeux fermés et la tête penchée en avant. Ren voit bien qu’elle est embarrassée. Son expression devient douce : Kyoko a donné des chocolats à tout le monde, sauf à lui. Voilà pourquoi. Il demande s’il peut goûter la gelée. Rassurée, Kyoko lui donne la cuillère qu’elle a trouvée peu avant à la cafétéria. Ren est étonné de se retrouver avec ça dans les mains, alors Kyoko lui explique que la cuillère qu’elle avait apportée était un peu trop courte. Celle de la cafétéria en revanche a pile la bonne taille. Ren admire la couleur rouge bordeaux de la gelée encadrée du rouge des roses ornant le verre : c’est très beau. Kyoko devient très enthousiaste, les yeux brillants, elle confie que quand elle a vu le verre pour la première fois, elle a cru mourir de joie tant il était parfait. Ren croit que c’est parce que ça colle bien avec les goûts esthétiques de Kyoko. Mais non, si le verre est si parfait, c’est parce que les roses qui l’ornent rappelle la Queen Rosa que Ren lui a offerte. Cette révélation touche Ren. Mais il se reprend : ce que vient de lui dire Kyoko pourrait lui faire penser qu’elle fait très attention à lui, qu’il est spécial à ses yeux. Ce qui est dangereux. Il sait que Kyoko ne pense pas si loin, il l’a appris à ses dépends. Et il ne se ferra pas avoir cette fois-ci. Il se reprend si vite que Kyoko ne s’est rendu compte de rien. Il goûte la gelée et la trouve délicieuse, ce qui ravit la jeune fille. Et la rassure, car c’est la première fois qu’elle faisait un tel dessert. Elle avait peur qu’il n’aime pas. Et avec un peu de rouge aux joues, elle confie que son cœur bat à la chamade.
Ren la regarde avec douceur, on pourrait jurer qu’il est serein, mais en réalité, c’est une véritable bataille qui se déroule dans sa tête. Raison face à sentiment. Il lutte contre l’idée qu’il pourrait être spécial pour Kyoko. Peu importe ce qu’elle vient de dire, peu importe son sourire, ne te fais pas avoir !
Mais la joie de Kyoko disparait soudainement et son visage colérique surgit. Elle est figée, veines dilatées, regard fixe. Ce qui prend Ren au dépourvu. Puis il reconnaît cette expression. Elle pense à Sho. Son regard devient fin et dangereux. Il pose la cuillère dans le verre vide.
De son côté, Kyoko a fait un drôle de cheminement de pensées : après avoir confessé que son cœur battait à la chamade, elle avait dit à Ren que, comme elle craignait que le goût ne fasse trop gamin pour Ren, elle a fait plusieurs tentatives, plusieurs échantillons. Echantillon -> essai -> goûter -> chocolat que Sho lui a fait goûter -> rage X1000.
Sa rage disparaît d’un coup quand elle entend Ren prononcer son nom. A sa grande surprise, Ren s’est levé. Il est maintenant pencher sur elle, à quelques centimètres de son visage.