Une nouvelle scène de BOX’’R’’.
Marumi/Chitose s’approche de Kyouko/Natsu alors qu’elle range ses affaires, prête à quitter la salle de classe. Chitose, sous les yeux des amies de Natsu, lui donne un petit paquet. Devant le silence étonné de Natsu, elle explique que bien qu’elle lui ait dit que ce qui s’était passé avec le miroir lui était égale, elle était soucieuse et donc, elle aimerait bien qu’elle accepte ce paquet. Embarrassée, elle ajoute que si ça ne lui plaît pas, elle peut le jeter à la poubelle, ce n’est pas grave du tout. Quelque part, elle fait ça… pour sa propre satisfaction. Elle s’excuse encore, elle a l’impression de forcer la main à Natsu, mais ce n’est pas ce qu’elle veut. Natsu, le paquet dans les mains, après être restée silencieuse pendant tout ce temps, demande si elle peut l’ouvrir. Chitose, rassurée, lui dit de le faire. Dans le paquet se trouve un miroir de poche très féminin, en motif de rose. Chitose, toujours aussi embarrassée, s’excuse si ce miroir n’est pas à son goût. Mais Natsu lui répond que c’est mignon. Chitose, soulagée, relève la tête. Et déchante tout aussi vite : Natsu lui lance un regard si fin et si méchant qu’elle se fige. Effrayante, Natsu s’approche d’elle et passe sa main derrière la tête de Chitose, en répétant « c’est mignon », mais d’une voix terrifiante cette fois-ci.
Si terrifiante que l’actrice Marumi tombe en larmes et que l’assistant principal du réalisateur est obligé d’aller la consoler. Le reste du staff regarde Kyouko avec respect : incroyable, une autre scène ok en une seule prise ! Maintenant qu’elle joue comme Mio, ils n’ont pas eu à rejouer une seule scène ! Ils l’applaudissent, admirant son talent pour jouer les méchantes. Ce qui ne fait pas du tout plaisir à l’intéressée, surtout que ça a un air de déjà vu. Une phrase retient son attention : « Finalement, la rumeur qui dit qu’elle est l’apprenti de Tsuruga Ren est vraie ! ». Ce qui en d’autres circonstances aurait pu lui faire plaisir ne fait que l’enfoncer un peu plus. Kyouko est sincèrement triste. Le réalisateur, venu la féliciter en personne, ne s’en rend pas du coup compte. Ni de sa réponse sans aucun enthousiasme.
Les deux blondes qui passent derrière à ce moment là ne partagent pas l’admiration et la joie des autres. Elles sont au contraire toujours aussi irrespectueuses à l’égard de Kyouko, ironisant avec des Mlle Mio. Certes, elles reconnaissent que pour ce qui est de la terreur, des sueurs froides, personne ne peut défier Mio, mais franchement, c’est en décalage avec le personnage de Natsu. Le réalisateur veut Mio, alors elles sont obligées de se taire, mais Natsu est supposée être leur leader, elle est au dessus de tous, elle leur inspire le respect, elle donne les ordres. Cette scène, là, c’était trop. Leurs personnages ne voudraient surement pas être amis avec une fille pareille. La plus grande des deux ajoute que même sans cet aspect sombre, elle ne voudrait pas être son amie. La Natsu de Kyouko n’a rien d’attirant, elle est fade, transparente. Elle devrait au moins créer une Natsu acceptable, et changer son apparence ! Elle-même est une actrice sensible, elle ne peut complètement entrer dans son rôle si les autres actrices jouent mal le leur ! L’autre blonde est totalement d’accord.
Un assistant annonce qu’on va tourner la scène montrant la relation entre Chitose et Yumika (personnage jouée par Chiori). Marumi s’avance enthousiaste, Chiori la suit, souriante. Mais Kyouko l’interpelle, elle s’arrête donc et se tourne vers elle. Hésitante sur les mots, les mains jointes, Kyouko s’excuse car par sa faute, Chiori a du attendre longtemps avant de pouvoir tourner sa scène. Chiori lui sourit gentiment et lui dit de ne pas s’en faire, ce sont des choses qui arrivent. Kyouko est très touchée par cette réponse gentille. Chiori se penche alors vers elle et murmure qu’en plus, il est fréquent de voir des clashes entre les acteurs et le réalisateur. Et personnellement, elle est d’accord avec Kyouko. Le réalisateur est obsédé par le côté effrayant, c’est excessif. La haine de Natsu envers Chitose devrait s’exprimer différemment. Une actrice doit protéger le rôle qu’elle a créé, quitte à s’opposer au réalisateur. Si Kyouko veut jouer sa Natsu, alors elle ne doit pas abandonner ! Kyouko la regarde avec sérieux et détermination. Oui ! Puis elle s’incline et s’en va.
Chiori retourne vers le plateau et en chemin, passe devant le réalisateur, lequel a vu que Kyouko lui avait parlé. Chiori s’excuse de l’avoir fait attendre mais le réalisateur est curieux de savoir ce qui vient de se passer. Chiori penche la tête avec un petit rire embarrassée. Elle lui dit qu’apparemment, Kyouko n’est pas du tout d’accord avec la Natsu qu’il veut qu’elle joue. Elle lui a demandé son opinion, si elle aussi partage le point du vue du réalisateur. Elle lui a dit qu’un acteur doit suivre les directives du réalisateur et donc qu’elle ferait mieux d’accepter le point de vue de ce dernier et de jouer la Natsu qu’il désire. Le réalisateur félicite Chiori, il lui dit qu’elle comprend bien comment les choses marchent dans le show-biz. Chiori lui sourit et glisse ensuite que malgré ce qu’elle lui a dit, Kyouko n’avait pas l’air d’accord, au contraire. Il est possible qu’elle essaye à nouveau de jouer sa propre Natsu. Le réalisateur siffle entre ses dents : c’est le problème avec les débutants qui ont du succès. En pensée, il ajoute qu’en plus, sa Natsu n’avait aucune profondeur. Son regard devient fin, sérieux et dangereux. A voix haute, il dit que la prochaine fois que Kyouko essayera de le défier, il brisera sa fierté mal placée. Il s’en va. Dans son dos, Chiori, le regard mauvais, a un petit sourire satisfait.
Dans sa loge, Kyouko se regarde dans le miroir. Elle sait que c’est de sa faute si le tournage ne progresse pas, elle pense être la cause de tous les problèmes. C’est pour ça qu’elle n’a pas osé élever la voix, faire entendre son point de vue. Quand elle jouait, au fond d’elle, elle savait que ce n’était pas Natsu. Mais elle a préféré suivre l’avis du réalisateur. Elle a fui.
Elle ne sait toujours pas comment interagir avec Chitose en tant que Natsu. Elle sait ce que sa Natsu aime et n’aime pas, mais…
Elle repense aux paroles de Chiori, qu’elle devrait défendre son rôle.
Elle passe son pull et se dit que si ça avait été Ren à sa place, il y aurait sûrement eu un affrontement. C’est ce qu’elle a pensé quand elle a entendu le staff la qualifier d’apprenti de Ren. Mais elle, elle est encore loin d’avoir une forte volonté, un état d’esprit clair en tant qu’actrice, suffisant pour protéger son rôle. Parce qu’elle n’aime pas Natsu.
Elle est sérieuse et sombre. Puis elle se regarde à nouveau dans la glace et là, ses yeux s’agrandissent et elle a une moue surprise : elle se rend compte qu’effectivement, inconsciemment, elle se tient droite, élégante. Ca la fait paniquer : est-ce qu’elle a été comme ça toute sa vie ? C’est sûr qu’une lycéenne normale ne se tient pas comme ça. Natsu encore moins ! Elle réfléchit alors : comment Natsu se tient-elle ? Comment se tenir au milieu des autres actrices, quelle pose prendre pour ne pas avoir l’air de ne pas être à sa place ? Le réalisateur lui a dit d’être plus décontracté mais… Natsu est une sorte de leader pour ces filles, non ? Décontracté et leader, ça ne va pas vraiment ensemble.
Elle essaye différente pose : conquérante, les bras croisés sur sa poitrine, audacieuse, les mains sur les hanches, narcissique, les mains près de son visage, comme Sho… Sho ?!!!!! Argh !!!!!! Kyouko tombe à terre, se prend la tête dans les mains, puis se retourne et frappe ses poupées Sho éparpillées sur le sol avec les poings. Comment a-t-elle pu laisser son esprit divaguer à ce point ! Ce n’est même pas l’impression qu’elle veut donner, elle voudrait être comme… comme… avoir l’aura de quelqu’un que toutes les filles admireraient… être comme un top model !
Elle fixe le plafond, frappée par cette révélation. Et encore. Et encore. Et encore. Puis se relève. L’image d’Honoka traverse son esprit. Elle se remet face au miroir. Comment se tient Honoka déjà ? Elle ferme les yeux et penche la tête pour réfléchir. Elle fait une première tentative… mais on dirait plutôt une personne qui se retient d’aller aux toilettes. Elle essaye une autre, puis une autre, puis une autre, sans trouver la bonne. Elle se remet à taper les poupées Sho au sol. Puis s’étale, vidée. Elle est si pathétique. Elle essaye de se souvenir de ce que Kuu lui a enseigné. « Tu dois t’intéresser au moindre détail. Faire attention à tout ce qui t’entoure, comme ça, un jour, tu pourras le reproduire si tu en as besoin. Prend l’habitude de tout mémoriser. » Kyouko pleure pathétiquement : pardon professeur, j’ai échoué !
Il lui manquait si peu de chose pour réussir, pour créer sa Natsu ! LME a bien avoir une section modèle, mais elle est indépendante du reste du groupe, ses locaux sont situées ailleurs, et elle ne se souvient plus où. Et même si elle fait des recherches, demain matin, elle doit tourner Dark Moon. Que faire ? Elle se traîne sur le sol jusqu’à son sac, écartant les poupées Sho et attrape une poupée Ren. Elle la regarde, l’air très triste et lui demande si elle n’aurait pas une idée… La poupée est très réaliste. Si bien que Kyouko finit par ouvrir grand les yeux et se redresser. Elle tient la poupée dans ses mains, la bouche ouverte.
Dans sa voiture, Ren répond à son portable. C’est Yashiro, qui lui dit que Kyouko l’a appelé pour savoir à quelle heure ils finissaient aujourd’hui. Yashiro lui a dit que Ren était déjà sur le chemin du retour et elle a immédiatement raccroché. Donc il pense qu’elle doit se rendre chez Ren à l’heure qu’il est.
Ren s’étonne : vraiment ? Si tard ?
C’est justement ce qui inquiète Yashiro. En plus, Kyouko était bizarre au téléphone.
Ren s’inquiète à son tour.
Yashiro ajoute qu’en plus, après qu’elle est raccrochée si vite, il était inquiet et il a essayé de la rappeler. Mais son téléphone est éteint. Ca l’inquiète vraiment, il espère qu’elle n’a pas de graves ennuis, de ceux qui vous empêchent de répondre au téléphone. Donc, il espère que Kyouko attend Ren chez lui et qu’elle va bien, mais si…
Ren le coupe : qu’il se rassure, Kyouko est bien là. Au pied de son immeuble, elle s’incline et lui sourit. Tout va bien.